À Alger, dans les années 1970, Wassyla Tamzali et sa bande d’ami.e.s fréquentent quotidiennement la Cinémathèque algérienne, espace unique de débats et de cinéphilie au cœur d’Alger. Ils vibrent au rythme des cycles de films, des rencontres avec les cinéastes invités avec un engagement collectif pour un cinéma nouveau. Héritière de la guerre de libération, la Cinémathèque porte les questionnements de l’après et prend la dimension d’un laboratoire de la culture postindépendance.
Paru en 1979, En attendant Omar Gatlato réunit documentation, critiques et entretiens autour des premiers films algériens et tunisiens vus dans cette salle mythique par Wassyla Tamzali. Elle a su y saisir le tournant dans le cinéma et la société algérienne que représentait le film Omar Gatlato (Merzak Allouache, 1976).
La réédition de cet ouvrage est accompagnée aujourd’hui de Sauvegarde, un texte puissant, composé par l’écrivaine en 2022. Elle s’est alors replongée dans l’histoire de ce premier livre au destin singulier, entre oubli et réapparitions. Un nouveau texte qui raconte cette époque entre 1967 et 1979 où le cinéma du monde entier venait à la Cinémathèque d’Alger et où l’autrice accompagnait les films algériens de Berlin Est et Ouest à Cracovie, Prague, Tunis, Pesaro, Cannes, Ouagadougou. C’est aussi un texte qui parle de l’Algérie d’aujourd’hui et des nouveaux cinéastes algériens.
Wassyla Tamzali, née à Bejaïa en 1941, est avocate, militante féministe et écrivaine. Elle a notamment publié Une éducation algérienne en 2007 (Gallimard), Une femme en colère en 2009 (Gallimard) et La tristesse est un mur entre deux jardins avec Michelle Perrot en 2022 (Odile Jacob).